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LYDIE TAMISIER

 

Écrivaine, dramaturge, Lydie Tamisier sera accueillie pour une résidence de trois semaines à Grasse en juin 2025 pour poursuivre l'écriture de sa pièce La nuit est une aventure, enfonçons-nous-y, n'est-ce-pas, Pascale ? .

RENCONTRE VENDREDI 13 JUIN

 

Le vendredi 13 juin, nous accueillerons des patient·es et soignant·es du Centre Hospitalier Clavary, pour un temps de rencontre et de discussion autour du travail de Lydie Tamisier suivie de la lecture collective d'un de ses textes, L'Odeur des tissus.

RENCONTRE SAMEDI 14 JUIN

De 10h30 à 17h

 

Une rencontre publique sera organisée le samedi 14 juin autour de la projection du film La romancière, le film et le heureux hasard de Hong Sang-soo le matin, puis sous la forme d'une discussion autour du travail de Lydie Tamisier, et d'une lecture collective de son texte L'Odeur des tissus l'après-midi.

Inscriptions et renseignements

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Lydie Tamisier

 

Lydie Tamisier est née en 1991 et a grandi en région toulousaine. Elle a étudié le théâtre à l'université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle et intègre en 2018 le département d'écriture dramatique de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (Lyon), dirigé par Enzo Cormann et Samuel Gallet, puis par Pauline Peyrade et Marion Aubert.
En 2020, elle écrit Fleurs séchées sur piano noir, publié aux éditions Le Pôticha, et Le Temps libre, ou la mélancolie de la fragile splendeur vitale, mis en scène l'année suivante à l'ENSATT, par Laurent Gutmann.
En 2021-2022 elle est autrice associée au NEST – Centre Dramatique National de Thionville. À cette occasion, elle écrit Manger à Thionville, un récit culinaire présenté au NEST et à Théâtre Ouvert (centre national des dramaturgies contemporaines), à Paris, en novembre 2023, dans une mise en lecture signée Rémy Barché. Le texte est ensuite préformé dans des lieux non dédiés au théâtre (appartements, salles des fêtes, bibliothèques, etc).
Lydie Tamisier a aussi écrit des textes pour les lycéens et lycéennes : Aïko, mis en scène par Léa Ménahem, et Le Bidon jaune, commandé par Troisième bureau et publié aux Éditions Théâtrales en mai 2024, dans un recueil intitulé Troisième Regard.
Lydie Tamisier collabore également avec le metteur en scène Rémy Barché pour l'écriture de portraits d'acteur.ices, avec les auteur.ices Pauline Peyrade et Marcos Caramés-Blanco.
Pour la saison 2024-2025, elle est associée au Théâtre - Scène Nationale de Mâcon, en bourgogne, et écrira à cette occasion un texte autour de l'artisanat. Pour cela, elle ira à la rencontre des artisan.es de la ville et de ses environs, et, pour chaque objet rencontré, écrira un texte court.
Elle anime régulièrement des ateliers d'écriture, notamment avec ARTCENA dans le cadre de son parcours pédagogique pour les lycéen.es. Elle a également donné une série d'ateliers avec le théâtre de la Colline (Paris) dans le cadre du programme « Territoire et transmission », en partenariat avec les associations Belleville Citoyenne et Plus loin (le LABEC).
Lydie tamisier est également lectrice bénévole pour le comité Collisions.

« Une idée reçue, dans l'écriture dramatique, veut que pour qu'il y ait récit, il faut que quelque chose tourne mal, il faut (comme un ingrédient indispensable) un événement, un accident qui vienne perturber le cours des choses, la tranquillité (supposée) des personnages : « monsieur et madame-tout-le-monde voient leur vie basculer le jour où... » Ce qui m'étonne toujours, c'est que « leur vie » (avant le basculement) semble n'intéresser personne. On s'intéresse davantage « au jour où » et aux péripéties qui en découlent. L'événement offre aux personnages l'opportunité de quitter la sphère rigide et aliénante du quotidien pour entrer dans une autre dimension, plus grande, plus politique, émancipatrice... Derrière ce genre de récit, il y a, je pense, le fantasme bourgeois de l'homme ordinaire sortant enfin de sa servitude pour entrer dans l'action (l'action politique, volontaire ou non). Mais sa servitude intéresse beaucoup moins. Forcément, elle est moins spectaculaire. Ainsi, la plupart du temps, on ne parle de servitude que vaguement, sans oser la regarder, de peur, sans doute, de rencontrer ses aspérités, sa complexité, de peur aussi, peut-être, de devoir admettre qu'on ne sort pas si aisément de la servitude, qu'il ne suffit pas d'un élément déclencheur, d'une occasion, la servitude est bien trop ancrée pour être aussi facilement balayée, la plupart des gens préfèrent ne pas saisir l'opportunité lorsque celle-ci se présente, et on ne saurait leur en vouloir, car une fois la liberté obtenue, encore faut-il avoir en sa possession les outils pour la vivre, la façonner.
La nuit est une aventure, enfonçons-nous-y, n'est-ce-pas, Pascale ? tourne autour d'un personnage : Pascale. Pascale est une femme d'une cinquantaine d'années qui travaille dans un bazar où elle est la seule employée, avec sa patronne. Elle a suivi son conjoint suite à sa mutation et s'est retrouvée à Lacroix-Falgarde, une petite ville en périphérie de Toulouse où elle ne connaît personne. La pièce raconte son parcours sur une journée. Mais le projet n'est pas de montrer la journée type d'une femme isolée, éprouvée par le quotidien. Il s'agit plutôt de raconter une journée à part, une journée de congé, de respiration, où elle reçoit la visite son amie d'enfance, Magalie. Ces retrouvailles sont l'occasion d'une errance paisible, d'un laisser-aller qui élargit, petit à petit, imperceptiblement, l'espace des possibles. De scène en scène, l'horizon de la journée va s'élargir. Avec la tombée de la nuit, les possibles continuent d'augmenter, de manière exponentielle, la nuit va comme s'écarteler, ouvrant à Pascale un passage pour s'y aventurer. Cependant, l'idée n'est pas de raconter une soirée extra-ordinaire. Il s'agit plutôt de s'aventurer dans l'ordinaire. En effet, l'écriture est réaliste, elle colle, adhère à la vie telle qu'elle est. Par exemple : Pascale boit des coups, or, quand on boit des coups, il faut manger. Ainsi, elle délaisse momentanément le groupe auquel elle s'est greffée pour aller manger un kebab. Là, elle fait la rencontre de deux « jeunes » qui lui proposent un apéro sur les berges. Mais avant d'aller boire l'apéro sur les berges, il faut passer à l'épicerie de nuit. Il y a donc une scène à l'épicerie de nuit, où, de même, il ne se passe rien de particulièrement étonnant : il s'agit de choisir ce que l'on va boire, canettes, bouteilles, les deux ? Combien ? L'écriture reste au ras de la vie, au ras du vécu, et c'est ce qui (paradoxalement) génère de la fantaisie. En effet, grâce au réalisme, le dialogue s'étire, s'aventure dans la gratuité, gagne en liberté. Il serait d'ailleurs plus juste de parler de conversations, et non de dialogues, car ce sont moins des enchaînement de répliques construisant un sens, ou faisant avancer une action, que des bavardages sans finalité, écrits pour le plaisir de leur expressivité discrète. Le dialogue, libéré de sa fonction utilitaire, se décontracte, perd en intensité dramatique (il est comme dé-dramatisé), il gagne en légèreté, en effronterie et ouvre la voie à un récit débridé, fantasque, aventureux. L'idée n'est donc pas de montrer une sortie (libératrice) de l'ordinaire, mais au contraire d'en explorer les nuances, les creux et les aspérités, de s'y enfoncer jusqu'à la jubilation, et peut-être, finalement, jusqu'à la nausée.
Je ne souhaite pas tant montrer un personnage souffrant, languissant, subissant et regrettant amèrement la vacuité de son existence, qu'une personne qui, tant bien que mal, résiste à la vacuité. Plusieurs sujets sont effleurés, comme l'isolement, l'alcool, mais je ne veux pas les problématiser, ou les dramatiser, car ce serait prendre le risque de démontrer au lieu de montrer, prendre le risque d'un volontarisme qui inhiberait le déploiement du récit, tracerait un contour à l'intérieur duquel la vie serait finalement absente, occultée.
La nuit est une aventure, enfonçons-nous-y, n'est-ce pas, Pascale, est donc un projet qui interroge moins une question sociale que la notion de récit. Quels récits voulons-nous pour aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'un récit émancipateur ? Que veut-on raconter, montrer, pour quoi, et surtout, pour qui ? Est-ce que la liberté formelle du récit peut s'avérer plus émancipatrice qu'une liberté fictive (la liberté retrouvée, obtenue, frôlée, à l'intérieur de la fiction) ?
Dans son dernier ouvrage, Au loin, la liberté, Jacques Rancière dit des nouvelles de Tchekhov qu'elles montrent le moment où les personnages sont effleurés par le « souffle d'une autre vie possible »1. Cette autre vie possible, cependant, reste toujours lointaine. Il ne suffit pas de provoquer les choses, ou, comme je le disais plus haut, de saisir l'occasion. Qui essaye de provoquer la vie connaît bien la résistance qu'elle oppose. Rancière parle aussi (toujours à propos de l'écriture de Tchekhov) d'une « ouverture du temps » : « c'est l'ouverture du temps vers une liberté lointaine »2. Une formulation que j'ai trouvée particulièrement juste. C'est cette ouverture du temps que je cherche à faire exister par le théâtre, et par ce réalisme joyeux, décomplexé, qui ne cesse de repousser les lignes de l'ordinaire sans jamais percer l'horizon. Un réalisme joyeux, mais aussi un peu nostalgique, car il fait pressentir, je crois, cette « liberté lointaine », inaccessible. »

Lydie Tamisier

1 RANCIÈRE, Jacques, Au loin, la liberté, Paris, La Fabrique, 2024, p. 53.

2 Ibid., p.62

L'ODEUR DES TISSUS

2023

Éditions Tapuscrit / Théâtre ouvert

 

Tout se passe dans une résidence destinée à des femmes. Sept pensionnaires y cultivent gaiement leur faculté d'émerveillement avec l'aide de Claudia, la dévouée directrice.

Au travers d'activités manuelles, artistiques, ou encore par la pratique de la discussion, elles s'essayent, tant bien que mal, à l'art de la joie.

L'ODEUR DES TISSUS -

SAMEDI 14 JUIN de 10h30 à 17h

PROJECTION, RENCONTRE ET LECTURE AUTOUR DU TRAVAIL DE LYDIE TAMISIER

 

Un temps de rencontre et de lecture autour de son travail en train de se faire aura lieu le samedi 14 juin.

L'autrice partagera ses questions, ses réflexions en deux temps :

- De 10h30 À 13h 

Projection du film La romancière, le film et le heureux hasard de Hong Sang-soo

- De 13h À 14h30

Repas partagé chacun·e apporte de quoi déjeuner

- De 14h30 à 17h

Discussion autour du travail de Lydie Tamisier et lecture collective de L'Odeur des tissus

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

TARIF

5 euros

Ce prix permet d'accéder à l'ensemble de la journée. Il est possible de ne venir que le matin ou l'après-midi.

Gratuit pour les chômeur·ses, les étudiant·es et les minimas sociaux

Adhésion obligatoire : 5 euros

ADRESSE 

27, avenue Sainte Lorette

06130 Grasse

RÉSERVATIONS

06 52 03 84 49 / contact@facteurdeciel.com

Renseignements Lydie Tamisier
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